Maulde : douze ans plus tard, le miel de Nathalie Dussenne donne de l’or !

Le 06/03/2024 - 14667 vues

Par Nathan Bigué

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« Les récompenses ? J’avoue que je ne les compte plus trop ! », rigole Nathalie Dussenne, apicultrice à Maulde, près de Saint-Amand-les-Eaux. Depuis qu’elle est devenue professionnelle, il y a quatre ans, la productrice locale collectionne les distinctions. La dernière en date, une médaille d’or au concours général agricole pour son miel de tilleul de Picardie, « le miel emblématique de notre terroir ». 

Déjà récompensée du bronze l’année dernière pour son miel de printemps, Nathalie Dussenne, plus connue sous le pseudonyme de Natha miel, voit son miel préféré couronné. « Il est très particulier, très différent des autres. D’ailleurs, quand on est en miellerie à l’été et qu’on extrait le miel de tilleul de Picardie, ça sent le menthol partout dans la miellerie », raconte-t-elle.

Un miel complexe à produire

La spécialité de ce miel local, c’est justement « son goût mentholé, un peu rafraîchissant ». Depuis près de vingt ans, les apiculteurs se battent pour obtenir sa labellisation IGP (Indication géographique protégée), qui est sur le point d’être décrochée. Hormis dans la région, ses arômes ne sont trouvables nulle part ailleurs. Nathalie Dussenne, elle-même, se rend jusque dans l’Aisne pour transhumer ses ruches et « aller chercher les forêts picardes de tilleuls cordata (à petites feuilles) ». Une délocalisation nécessaire pour produire ce miel. Là-bas, l’apicultrice peut trouver l’endroit idéal : beaucoup de tilleuls et un minimum de châtaigniers, deux arbres en fleurs à la même période. 

C’est aussi un miel particulièrement énergivore sur le plan humain. « Au petit matin, quand on décharge dans l’Aisne, les abeilles font un tour d’orientation. À peine trente minutes plus tard, elles sont capables de ramener les premières gouttes de nectar de tilleul », explique-t-elle.

S’ensuit alors un travail dans la miellerie. « Tout ce miel qui se trouve dans les cadres de la ruche doit être extrait, poursuit l’apicultrice. Après ça, il y a encore du travail. C’est tout un savoir-faire. » À l’hiver, enfin, le miel stocké dans des fûts de 300 kg est mis en pots de 500 g. 

Peut-être la plus belle des récompenses

Un petit magasin chez elle, à Maulde, est ouvert les mardis et jeudis. Ses productions sont également vendues dans des commerces locaux. « Les médailles m’ont fait grimper d’un échelon, parce que je travaille maintenant avec Match et Leclerc à Saint-Amand-les-Eaux », ajoute la productrice. D’ailleurs, en cas de nouvelle médaille l’année prochaine au concours général agricole, elle recevra le prix d’excellence, qui récompense les participants médaillés trois années à la suite. 

Douze ans après ses débuts avec son frère, « avec quatre modestes ruches au fond du jardin », le résultat est là. Tous deux sont devenus professionnels, chacun de leur côté. Nathalie Dussenne est passée de quatre à plus de 300 ruches.

Mais bientôt, elle pourrait connaître un tout autre succès : « Mon aîné Thibault, 15 ans, a été complètement piqué par cette passion, comme sa maman. Il parle de plus en plus de travailler avec moi ». Maintenant que l’apiculture et cette famille ne font qu’un, rien ne semble pouvoir les séparer. Une sorte de passion impérissable… comme le miel !