Le 05/01/2023 - 417 vues
Par Elena Rouet-Sanchez
Crise énergétique, augmentation des matières premières… Les boulangeries font actuellement face à des élévations conséquentes de leurs factures. Alors que beaucoup parlent de baguettes de pain passant à 2€ l’unité, quand est-il de la célèbre galette des rois, célébrée ce vendredi ?
Des augmentations allant jusqu’à 400 %
Le prix de l’énergie a déjà flambé depuis début 2022 ; boulangeries et autres commerces ont déjà dû revoir en amont les prix de leurs produits. Une revalorisation des prix était donc déjà remarquable en septembre.
« On a reçu un courrier d’EDF en novembre dernier, nous explique Pascal, responsable de la Boulangerie des Tertiales, située en face de l’Université Polytechnique de Valenciennes. Ils nous précisaient que notre contrat allait être revu et que l’énergie augmentait entre 300 et 400 %. Ce qui représente entre 7 000 et 8 000 € de facture par mois. C’est énorme. »
Une facture qui était auparavant située en 1 500 € et 2 000 € par mois, pour la boulangerie valenciennoise.
Alors qu’il ne s’agirait pour le moment que d’une facture hivernale, concernant principalement le chauffage ainsi que l’usage des fours, celle-ci risque bien d’affecter les commerces sur le reste de l’année. En effet, les frigos tournent énormément durant la période estivale, afin de garder les produits au frais.
Des boulangers qui craignent pour leur survie
Au-delà du prix de l’énergie, les boulangeries se voient également menacées par la flambée des prix des matières premières. Beurre, sucre, œufs… 30 % d’augmentation pour chacun d’entre eux, certains montant même jusqu’à 70 %.
« Nous avons habituellement de la trésorerie sur notre compte, au retour des vacances par exemple, poursuit Pascal. Aujourd’hui nous sommes obligés de piocher dedans, afin de payer les salaires de nos employés. Je ne fais plus ce métier pour gagner ma vie, mais par passion. »
Les prix des produits qui se voient nécessairement augmentés, mais aussi une clientèle obligée de restreindre sur sa moyenne panier. Dans les menus étudiants, notamment, beaucoup se limitent dans leur choix ; ils ne prennent plus de boissons ou de desserts.
« Mes clients sont essentiellement des collégiens, lycéens ou étudiants, indique Karim, responsable de la boulangerie Baguettes et Compagnies, située en face de l’arrêt de tram Hôtel de Ville. Je suis déjà l’une des boulangeries les moins chères de Valenciennes, je ne peux pas me permettre d’augmenter mes prix. Vous ne pouvez pas annoncer à un lycéen que demain le sandwich à 2 € passera à 2,50 € ; il n’achètera pas. »
Karim nous explique qu’il a repris cette boulangerie en mai 2022, mais qu’aujourd’hui, son avenir reste incertain. Beaucoup se voient déjà mettre la clef sous la porte.
Et la galette des rois ?
« Pour les galettes, il n’y a que ça qui est bien parti, se réjouit Pascal. Il y a effectivement une certaine augmentation, mais qui reste très légère comparée au reste. Malgré tout, cela reste un produit éphémère, qui ne concerne qu’une mince partie de l’année. »
Alors que la plupart des produits prennent 20 % d’augmentation, beaucoup de boulangers ont fait le choix de ne pas y prendre part pour leurs galettes des rois. Et pour cause : la concurrence des supermarchés.
« Les grandes surfaces ont des contrats avec les fournisseurs, ils négocient les prix à l’année, nous explique l’artisan boulanger. Or nous, les petits commerces, nous ne pouvons pas nous permettre de nous battre contre les fournisseurs. »
Beaucoup d’artisans boulangers se voient dans l’obligation de changer de fournisseur. Mais les différences se comptent en centimes, et les tarifs restent les mêmes un peu partout.
« Ces augmentations représentent une véritable mise en péril pour les petits commerces, notifie Karim. »
Pascal et Karim nous explique l'impact de cette crise sur leurs commerces, au micro d'Elena Rouet-Sanchez.
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